VOTER AVEC LES PIEDS
Texte de Nicolas Bonnal transmis par S. de B. (VR) le
13-02-2002.
En 1996, dans "le Coq hérétique", ouvrage promis à un succès bien maigre, j'étudiais l'origine de cette exception française, qui transcende le clivage droite-gauche par la médiocrité auto satisfaite, et fait depuis longtemps de l'hexagone la risée de l'Europe. Le phénomène Chevènement illustre le caractère incurable de cette maladie de la nation française : plus elle s'enfonce dans l'Absurdie, plus elle se voue un culte à elle-même comme ce roi ou ce vaniteux qui ennuient le petit prince.
On sait
que cinq cent mille Français ont quitté le pays depuis le gouvernement Juppé.
C'est la plus grosse fuite de cerveaux et de talents depuis la Révolution
Française si chère aux chevènementistes de tout poil. J 'ai fait ainsi
moi-même. J'ai voté avec mes pieds.
Lorsque
l'on part, le tout est de savoir où l'on va: les plus entreprenants rêveront de
la Californie, les plus francophones du Québec, les plus européens de l'Angleterre
ou même de la Suisse.
J'ai
préféré l'Espagne et je ne le regrette pas.
En ce
Royaume dirigé depuis huit ans par un gouvernement de centre-droit, la vie est
deux fois moins chère qu'en France. On s'y sent deux fois plus libre. Il y fait
deux fois plus chaud (19º de moyenne annuelle en Andalousie), il n'y pleut
presque jamais, et les pieds noirs qui comme moi n'ont jamais pu s'adapter à la
grisâtre métropole s'épanouissent ici dans une débauche de couleurs, de
parfums, de goûts et de bruits qui rappellent notre enfance bénie..
Et
puis, il y a les Espagnols : c'est encore un peuple de chrétiens qui célèbre en
grand apparat les fêtes religieuses, se comporte bien sans faire appel à tout
propos aux "valeurs citoyennes" contre les "incivilités".
On y
fait rarement grève pour revendiquer à l'inverse du sans-culotte (mais avec
culot) républicain, on y cultive une longue et belle tradition de respect des
différences régionales et linguistiques, à l'opposé du jacobinisme qui a tué la
diversité française pour la bougnouliser et l'amerloquer.
L'immigration,
certes, commence à poser des problèmes, mais leur ampleur et leur nature n'a
rien de commun, dans ce pays d'Hombres avec ce qui se passe dans la France du
politiquement correct et du métissage.
Pour
qui recherche un refuge, un repli, un pays d'accueil, le seul critère est la
sensation intérieure : est-ce que je m'y sens bien ? Est-ce que je m'y sens mal
?
Si l'on
se sent mieux quelque part que dans l'hexagone occupé et asservi aux mafias
politiciennes, pourquoi hésiter ?
La technologie et Internet ont aboli les distances. L'Andalousie est à une
micro-seconde des rédactions parisiennes et des maisons d'édition. Je peux me
repaître de la lumière andalouse et vivre comme un caballero au prix de dépenses
qui, en France, me permettraient à peine de manger à ma faim.
Chacun
peut quitter le marigot médiatique hexagonal pour se libérer. Et laisser les
incurables se tâter indéfiniment pour savoir s'ils vont revoter pour un voleur
érotomane ou élire un pasteur athée psychorigide.
La
mondialisation et l'Europe ont au moins cet avantage qu'ils nous permettent
d'adresser un bras d'honneur à la racaille ripoublicaine.
N'hésitez
pas, faites comme moi, profitez-en : ne votez plus pour des pieds.
Votez avec vos pieds.